La Ruche Théâtre Royal, située à Marcinelle, se trouve aujourd'hui confrontée à une grave menace. La Fédération Wallonie-Bruxelles a décidé de ne plus accorder le subside dont bénéficiait ce théâtre depuis plus de dix ans. Cette décision jugée injuste suscite l'inquiétude et mobilise les consciences.
Le théâtre a déjà surmonté deux crises majeures, à commencer par la pandémie de Covid-19 qui a contraint la fermeture de ses salles pendant plus d'un an, annulant ainsi plus de 150 représentations, stages et formations. Les premiers mois de la crise ont été soutenus par des aides de la Fédération et de la Ville de Charleroi, mais ces soutiens n'ont pas été renouvelés lors de la deuxième vague, mettant en péril la survie de La Ruche. Le théâtre a alors organisé une campagne de vente de PASS (formule d'abonnement) qui a réussi à convaincre le public et les entreprises, mais les conditions restrictives telles que le port du masque, la distanciation sociale et le couvre-feu ont rendu la reprise d'activité difficile.
Malgré ces défis, La Ruche a bénéficié d'une reconnaissance royale, devenant ainsi le Théâtre Royal. Cependant, le théâtre fait partie des structures culturelles moins subventionnées, qui dépendent largement des recettes de billetterie pour leur survie. Pendant la crise du Covid-19, les structures les mieux subventionnées ont maintenu leurs emplois, tandis que La Ruche a dû mettre en chômage technique deux de ses travailleurs.
La crise énergétique et l'inflation ont également frappé le théâtre de plein fouet. Les coûts énergétiques ont explosé, et les subventions de la Ville et de la Fédération, qui n'ont jamais été indexées depuis dix ans, ont diminué de manière significative. La Ruche a comparé les aides octroyées aux autres opérateurs de la région de Charleroi et a constaté un déséquilibre flagrant. Son subside annuel de 18 000 euros, remis en question aujourd'hui, ne représente que 0,2% du montant global des subventions. La Fédération a lancé une opération de mise à niveau en 2022, mais la demande d'aide à la diffusion de La Ruche a été jugée non éligible en raison de pertes cumulées. Toutefois, ces pertes doivent être replacées dans leur contexte, car elles sont le résultat de subventions insuffisantes et non indexées depuis plus de dix ans. La Ruche estime que le refus de sa demande est basé sur des critères injustes qui avantagent les structures fortement subventionnées.
La situation actuelle de La Ruche Théâtre Royal est alarmante et met en péril sa survie. En refusant d'accorder le subside dont le théâtre bénéficiait depuis plus de dix ans, la Fédération Wallonie-Bruxelles menace l'existence même de cette institution culturelle.
Le problème fondamental réside dans le traitement inégal des institutions culturelles. La culture se divise en deux classes : celles qui bénéficient de subventions importantes et qui peuvent se permettre de produire ou de diffuser des spectacles à perte, et celles, comme La Ruche, qui dépendent des revenus de la billetterie pour survivre. Pendant la crise du Covid-19, les institutions fortement subventionnées ont pu maintenir leurs emplois et réaliser des profits substantiels, tandis que les structures moins subventionnées ont été confrontées à des pertes financières considérables et ont dû mettre leur personnel en chômage technique.
La situation s'est encore aggravée avec l'explosion des coûts énergétiques et l'inflation, qui ont réduit les subventions déjà insuffisantes de La Ruche. Les subventions de la Ville et de la Fédération Wallonie-Bruxelles n'ont jamais été indexées depuis plus de dix ans, ce qui a entraîné une diminution de leur valeur réelle. Les pertes cumulées de La Ruche, qui sont utilisées comme justification pour refuser leur demande d'aide à la diffusion, doivent être mises en perspective avec le faible niveau de subvention et les circonstances exceptionnelles de l'année 2021 marquée par la crise sanitaire.
Malgré ces difficultés, La Ruche Théâtre Royal a su se démarquer par son engagement envers la communauté et son offre culturelle diversifiée. En plus de proposer des spectacles professionnels et des créations originales avec sa troupe Nect'Art, le théâtre offre également des cours, des formations et des stages dans tous les domaines des arts de la scène. Il est soutenu par les entreprises locales et entretient des partenariats solides avec d'autres acteurs culturels de la région.
Pour assurer sa survie, La Ruche met en place plusieurs actions. Outre cette action de sensibilisation, ils envisagent de déposer un recours en Conseil d'État contre la décision de la Fédération Wallonie-Bruxelles, espérant que leur dossier soit examiné sur le fond. Ils proposent également une nouvelle formule de sponsoring pour la saison, avec des soirées "clé en main" destinées aux entreprises. De plus, ils cherchent à utiliser le mécanisme du tax-shelter pour réduire
les charges fiscales pesant sur les investissements dans les productions théâtrales.
La mobilisation de la communauté locale et des amateurs de théâtre est essentielle pour soutenir La Ruche. Une pétition en ligne a été lancée pour exprimer le soutien à cette institution culturelle et demander à la Fédération Wallonie-Bruxelles de reconsidérer sa décision. De nombreux artistes et personnalités du monde culturel se sont également manifestés pour exprimer leur solidarité envers La Ruche et leur préoccupation quant à l'avenir du théâtre.
Il est important de souligner que La Ruche n'est pas seulement un lieu de spectacle, mais aussi un espace de création, d'expression artistique et de formation. Sa fermeture aurait un impact majeur sur la vie culturelle de la région et priverait de nombreuses personnes d'un accès à la culture et aux arts de la scène.
Il est crucial que les autorités compétentes prennent en considération l'importance de soutenir les structures culturelles indépendantes comme La Ruche Théâtre Royal. Ces institutions contribuent à la diversité culturelle, à l'épanouissement artistique et au dynamisme économique de la région. Elles méritent d'être soutenues et reconnues pour leur travail acharné et leur engagement envers la communauté.
La situation précaire de La Ruche Théâtre Royal met en évidence les défis auxquels sont confrontées de nombreuses institutions culturelles indépendantes. La diminution des subventions, les coûts croissants et les difficultés liées à la crise du Covid-19 mettent en péril leur survie. Il est essentiel que des mesures soient prises pour soutenir et préserver ces lieux de création et de diffusion artistique, afin de garantir un accès équitable à la culture pour tous. La mobilisation de la communauté et la sensibilisation aux enjeux auxquels font face ces institutions sont des étapes cruciales dans cette démarche. Espérons que La Ruche Théâtre Royal trouve le soutien nécessaire pour continuer à éclairer et inspirer les spectateurs pendant de nombreuses années à venir.